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Lucie
par
Cécile Fimbel
Egypte
Lucie, ma grand-mère maternelle, était la plus adorable des mamies. Mais avant d’être une mamie, elle avait été une jeune fille d’une beauté à couper le souffle, la plus jeune de 6 enfants d’une famille de déracinés de l’Empire Ottoman. Mariée à 21 ans à mon grand-père Joseph, ils vécurent une jeunesse dorée au Caire avant d’être forcés à l’exil en 1957, comme la plupart des Juifs d’Egypte. Elle nous enveloppait de son amour de grand-mère juive et nous appelait, nous, ses trois petites filles, Rohi (mon âme) ou Katkuta (poussine), en nous pinçant les joues un petit peu trop fort à notre goût. Elle n’a jamais perdu son accent et a toujours roulé les R, contrairement à mon grand-père qui pensait qu’il fallait « grasseyer » pour mieux s’intégrer. Chacune de nos visites était l’occasion pour elle de nous préparer nos plats préférés : bamya, boulettes sauce tomate, sambousseks, baklawa, roghayebas, menenas, rosquettes salées ou sucrées… Ce qui est sûr c’est qu’on ne perdait pas de poids en allant leur rendre visite. Quand j’étais petite, pour trouver de quoi faire les filas au fromage ou autres mets orientaux, il fallait se rendre dans l’épicerie arménienne au métro Cadet, dans le 9è. C’était une expédition dont on revenait les bras chargés de trésors introuvables ailleurs. Maintenant, je m’en veux de ne pas avoir bien regardé quand elle faisait les rosquettes ou les boulettes… Toutes les recettes écrites de sa main contiennent peu d’instructions et beaucoup de « tu vois comme ça vient ». Et bien moi ça ne vient jamais comme elle !
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