Mamie avait changé de prénom, changé de pays, changé de vie.
Elle aimait les grands restaurants, sortir le soir, travailler la nuit.
Elle était la première de la famille à porter des pantalons, à avoir le permis.
Christiane dit d’elle qu’elle était son modèle.
Lorsqu’elle lui demandait si sa solitude lui pesait, elle disait que c’était la rançon de sa liberté. Elle adorait ses nièces et neveux, nos tantes Michelle, Brigitte, Sandrine qu’elle aimait comme ses filles mais aussi des amis qu’on connaissait à peine. Combien de fois on s’est étonné d’apprendre qu’un tel était venu déjeuner, qu’un autre avait habité chez elle, ou quand on découvrait des photos d’enfants encadrés dans son salon et qu’on se demandait qui c’était. L’explication était simple. Mamie avait sa vie. Avant d’être notre grand mère, c’était une femme indépendante, qui avait du caractère et qui a décidé de tout dans sa vie, jusqu’à choisir le moment où elle est partie.